12/03/2018


Soixante treize ans après la guerre Albert Houssaille nous livre son regard de résistant
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Vendredi 9 mars, les élèves en classe de troisième du collège Victor Hugo ont reçu Albert Houssaille. L’occasion pour Albert de raconter sa vie dans le maquis, des anecdotes sur la Résistance, et de délivrer un message à ces jeunes gens : «mettez de côté vos divergences, dites quand les choses vont bien. »

Né le 29 juillet 1923 dans la ferme de ses parents à Sainte-Colombe, Albert Houssaille a 17 ans quand « un homme vient le trouver afin qu’il lui donne un coup de main. » Cet homme a besoin d’un cercueil ; trois jours après, il revient à la ferme et demande à Albert de lui en  réaliser trois de plus… En tout, le jeune homme fabriquera 33 cercueils pour la Résistance. Car Aimé, c’est son nom, appartient à la Résistance. Un soir, notre jeune fermier se rend chez Aimé. Dans le grenier de ce dernier est cachée une radio clandestine où Albert entend l’appel du 18 juin 1940 du Général de Gaulle. Premier discours prononcé par le Général sur les ondes de la BBC à Londres, cet appel aux armes invite les Français à ne pas cesser le combat contre le 3e Reich. Albert Houssaille entendra ce message, texte fondateur de la Résistance. Peu après, il se fait prêter un jupon par sa grand-mère, se pare d’une perruque et en compagnie d’Aimé distribue des tracts le soir et jusqu’à tard la nuit dans les rues de Sainte-Colombe. C’est le début de l’engagement d’Albert. Appelé le 3 novembre 1943 aux Chantiers de jeunesse (service civil obligatoire engagé par le gouvernement de Vichy) dans le Cantal, il déserte les lieux le 22 et devient Résistant. Il rejoint alors le maquis de la forêt de Picaussel, au-dessus de Puivert. Là, depuis une grotte et l’ancien poste de commandement, les maquisards (environ 250 au début de la guerre) se livrent à des exactions contre l’armée allemande : ils font « sauter » un wagon plein de blé en partance de la gare de Pamiers pour l’Allemagne, ou bien encore ils participent au siège de la milice de Penautier, « le meilleur souvenir » d’Albert. De Picaussel, Albert rejoindra la F.T.P de Pamiers et les hommes d’Amilcar Calvetti. Du Camp du Vernet, ces hommes gagneront le Gers, et ensuite Viennes (Lyon) depuis où ils gagneront l’Allemagne pour mener la campagne victorieuse, dite « Rhin et Danube », sous les ordres du Général Jean de Lattre de Tassigny.

Démobilisé, Albert ne voulait plus parler de la guerre, « il fallait penser à autre chose ». Oublier tant que faire se peut, les amis trop tôt partis, les souffrances et privations. Âgé de 95 ans aujourd’hui, Albert Houssaille est la mémoire vivante de cette guerre, dont il a accueilli « la fin avec soulagement. »  Avec patiente et pédagogie l’ancien résistant rencontre régulièrement les collégiens et leur délivre un message : « mettez de côté vos divergences et dites quand les choses vont bien ». Un message d’espoir porté par un des derniers résistants Ariègeois.   
 

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