02/03/2018

Des obsèques à l'image de Mady de La Giraudière, simples, émouvantes
__________

Les obsèques religieuses de Mady de La Giraudière ont eu lieu jeudi 1er mars en l’église Notre-Dame-de-l’Assomption de Lavelanet qui renferme plusieurs dons de l’artiste dont sept grands tableaux de la vie du Christ, avant son inhumation au cimetière de Dreuilhe. Famille, amis, personnalités, élus, simples Lavelanétiens ont tenu à l’accompagner dans son dernier voyage.

Ryton Cazenave l’ami, Marie Lajus préfète de l’Ariège, Henri Nayrou président du Conseil départemental, Alain Duran sénateur, Kamel Chibli vice-président de la Région, Marie Helene Mayeux Bouchard (mairie de Toulouse), tous ont tenu à saluer la mémoire de Mady de La Giraudière, l’artiste que pleure déjà Lavelanet et l’Ariège. Recueillement dans l’église paroissiale et au sein du Marché couvert où était retransmise la messe conduite par l’abbé Édouard de La Portalière. Une cérémonie faisant la part belle à l’humain, au partage, au travers de textes sacrés bien sûr, mais aussi de lectures par Marie-Françoise l’amie ou la présentation de Mady par Marc Sanchez maire, un autre ami proche (vous trouverez ce texte ci-dessous). « La mort n’est pas la fin, je suis seulement passée dans la pièce d’à côté » lira Marie-Françoise. Un message d’espérance pour la famille, les proches, un message relayé par le 1er édile de Lavelanet : « ne l’oublions pas, Mady est juste de l’autre côté du chemin ». A l’issue des obsèques religieuses, Mady de La Giraudière a été inhumé au cimetière de Dreuilhe auprès de son « cher papa » Émile Couquet.
 
Hommage à « MADY DE LA GIRAUDIERE » 01 Mars 2018
Entourée de ses proches, Mady s'est éteinte chez elle samedi 24 février au milieu de ses peintures et de ses œuvres. Artiste de renommée mondiale, figure de proue de l'art naïf, Mady est rentrée dans l’éternité et restera à jamais dans nos cœurs.

Parler de Mady en quelques minutes relève d’une gageure. Sa destinée ne peut se raconter qu’au travers d’un livre, sa vie ayant été tellement  riche et dense. Pour nous qui la connaissions, Mady symbolisait la générosité, la sincérité, l’humour, le talent et l‘Amitié. Elle a toujours fait en sorte de s’amuser et jouer avec les contraintes. Son leitmotiv : la passion…  Cette passion qu’elle nous offrait dans chacune de ses créations, elle nous l’offrait avec humanité et gentillesse. Cette passion se lisait aussi dans ses yeux bleus, pétillants de chaleur, de joie et de malice.  Ne l’oublions pas, au-delà de sa famille, de ses proches et de sa peinture, la joie, le bonheur et le partage étaient les moteurs de sa vie.
Née Couquet, Mady jouait petite fille dans l’usine de son père Émile, un industriel du textile dont la fabrication de « La moquette de Montségur », orna le paquebot France tout comme certains de ses tableaux. De son enfance passée dans la liberté de la nature à Lavelanet, Mady garda un fort attachement à cette ville qu’elle a beaucoup représentée dans ses œuvres, tout comme les Pyrénées, sa région et le monde du textile.             
                
L’été dernier encore, Mady nous a offert, une nouvelle fois, comme gage de son amitié et d’amour pour sa cité, une biennale en mairie. Cela aura été pour nous tous, l’occasion de découvrir ou redécouvrir une nouvelle fois le talent de cette grande Dame au travers de l’exposition  « Mes Pyrénées sur un plateau ».                           
 
Mady qui aimait tant « ses Pyrénées », qui savait si bien les peindre ou les conter, nous donnait ce sentiment d’appartenance à un territoire, dont nous sommes et devons être fiers. Elle a su nous entraîner au travers de ses œuvres, dans un univers nous contant nos terroirs avec ses couleurs, nos vies. Si comme elle nous le racontait, « la trouille » la gagnait avant chaque exposition, c’était pour nous tous, des moments forts de partage, mais aussi d’enrichissement.
Le talent de Mady s’est révélé dès son plus jeune âge. Après des études secondaires à Toulouse, n’ayant pu obtenir l’autorisation paternelle, qu’elle respectait profondément, d’entrer à l’École des Beaux-Arts, Mady décide de se consacrer à sa passion pour le dessin et la peinture, et travaille seule loin de toute influence, avec pour seul maître la nature.     Vers 1955, la rencontre avec le « Pape des Naïfs », Anatole JAKOVSKY, sera déterminante pour la suite de son extraordinaire destin.Celui-ci l’encourage à peindre avec plus de résolution, et à continuer de se tenir à l’écart de toute influence.

Elle peint alors une centaine de toiles en trois ans, dont une quarantaine sélectionnées par Anatole JAKOVSKY pour une première exposition à PARIS en 1958. Cette exposition fut un véritable événement. En effet,  c’était seulement la deuxième fois qu’avait lieu dans la Capitale, une exposition consacrée à un seul peintre naïf. Ce peintre-là, c’était Mady. À compter de ce moment-là, tout va s’enchaîner rapidement pour l’artiste-peintre, qui exposera dans des galeries et de nombreux salons, dont elle deviendra Sociétaire.

C’est le point de départ d’une riche carrière internationale. Un succès qui la conduira dans le monde entier et l’amènera à fréquenter d’autres grands artistes, Georges Brassens, avec qui elle partage la passion des chats,  mais aussi des pointures planétaires comme le compositeur Herbert Von Karajan, Salvador Dali, ou encore  Jacques Chancel, Philippe Noiret... J’arrête la  liste des rencontres vécues  par Mady, tellement celle-ci est longue et prestigieuse. Mady de La GIRAUDIERE était aussi appréciée en tant que visionnaire d’un monde pur et poétique. La sensibilité de l’artiste aura toujours été l’un des éléments majeurs qui se sera dégagé en premier de son œuvre. Rêve et réalité se mêlent alors dans cet univers du merveilleux, où nous découvrons, la poésie des animaux, les sites grandioses d’un pays féerique aux couleurs jamais égalées. Autodidacte, elle opérait par instinct en laissant parler son cœur et sa grande sensibilité. Décorée Officier des Arts et Lettres dans cette  même ville, Mady ne comptait plus les nombreux prix et récompenses obtenus en France comme à l’étranger. Ce talent unique nous embellissait, nous subjuguait par sa lumière. Entre Paris et Lavelanet, Mady de La GIRAUDIERE a peint des tableaux par centaines et ses expositions ont fait le tour du monde.
 
Lors de sa dernière biennale, l’été dernier en mairie, à l’issue du protocole et des prises de paroles, Mady très touchée d’entendre toutes ces louanges, avait eu ces mots :  «Peut-être que je ne méritais pas tout ça, peut-être que je ne suis pas à la hauteur ».

Non Mady, unanimement  nous vous le disons, vous étiez à la hauteur ! Vous nous avez comblés de bonheur.
Combien de vos œuvres sont accrochées aux cimaises de musées, d’églises, de bâtiments institutionnels. Combien de particuliers se flattent et s’honorent de détenir dans leur foyer une production de Mady. Il est bon de se rappeler que cette église, «  Notre Dame de l’Assomption » de Lavelanet, cette église où nous lui disons un au revoir,  renferme plusieurs dons de l’artiste, dont sept grands tableaux de la vie du Christ, accrochés dans le chœur derrière moi. Depuis mai 2007, les tableaux du Chemin de Croix sont aussi installés dans la chapelle des Fonds Baptismaux, à quelques mètres de nous.                                                                           
Pour la petite histoire, ce Chemin de Croix avait eu le privilège d’être exposé dans la crypte du Sacré cœur à Paris, pendant un mois. Outre la peinture, c’est avec la plume que Mady nous racontait la poésie du quotidien à travers contes et poèmes, ou devant  la caméra, entourée de ses fidèles complices, mais surtout Amie. Elle a également illustré plusieurs ouvrages et réalisé une douzaine de cartons pour des tapisseries exécutées dans les célèbres ateliers PINTON à Aubusson.
Autant de témoignages que nous devrons garder précieusement  sur la vie de Mady.

Mais Mady, c’était aussi un fort engagement pour Lavelanet, la ville qui l’a vue grandir, s’épanouir, la ville à laquelle elle était fière d’accorder son amour. Souvenons-nous qu’elle a été aussi conseillère municipale de Lavelanet de 1995 à 2001. Cet engagement pour sa ville, Mady le déclinait aussi en faveur de la jeunesse. Durant des années, par le biais des « Chantiers jeunes », elle a permis à de jeunes Lavelanétiens, en leur accordant spontanément sa confiance, de reproduire sur les murs du Marché couvert quelques-uns de ses tableaux. Un cadeau pour eux, un cadeau pour la ville de Lavelanet.
 
En juillet 2010, Mady inaugurait l’Espace culturel Mady de la Giraudière  témoignage de la  reconnaissance d’une ville envers son ambassadrice de talent pour nos collectivités.
Ce jour-là, elle soulignait :  « C’est mon premier prix, je l'adresse à mes parents ».

Elle appelait les jeunes à être créatifs, à rejoindre « la famille des y'aka ! et quitter les oui, mais ! » « Ça ne coûte rien de rêver » concluait-elle. Voici peu, en compagnie de sa fille Chin et de Marie-Françoise son amie et chargée de communication, elle participait à l’inauguration du « square Mady de la Giraudière »  situé au cœur du quartier des Amidonniers, à Toulouse.  Jean-Luc Moudenc maire de Toulouse en présence de Marie Helene Mayeux Bouchard déclarait alors :  «Le lieu que nous baptisons en l'honneur de Mady de la Giraudière est très représentatif de son œuvre : un lieu de vie, de verdure, et de jeu ; un lieu de rencontre où enfants et animaux qu'elle a tant peints ont toute leur place. Nous lui dédions un espace de notre patrimoine toulousain qui lui ressemble».                                                                                                                                                     

​​​​​​​Mady n’est plus, notre amie s’en est allée, mais son talent  et ses œuvres perdureront.  Son départ n’est pas un livre qui se ferme, mais simplement un chapitre qui se termine.
L’histoire écrite par Mady n’est pas terminée. Les projets que nous avions abordés sur cet extraordinaire destin trouveront une suite.
Mady n’était pas quelqu’un d’ordinaire, Mady était quelqu’un d’extraordinaire, n’en déplaise à sa  modestie légendaire. Sa poésie, sa générosité, son charme et son talent nous manquent déjà.

À Chin, Nang, Marie Françoise, à l’ensemble de sa famille, nous adressons nos sincères condoléances. Soyez fiers de ce que cette grande Dame nous laisse en héritage. Pour terminer, je me dois de le dire Mady, jusqu’au bout vous nous avez accompagnés, en nous tenant la main, avec Chin et Marie Françoise, puis d’un clin d’œil, vous nous avez fait comprendre qu’il était temps pour vous de rejoindre celles et ceux qui vous ont tant manqué et que vous n’avez jamais oublié.
Mais nous, ne l’oublions pas, Mady est juste de l’autre côté du chemin.